Abdelmajid Arrif
Jamaa Lafna. Place publique pour une parole publique ou le territoire du mal-entendu
2005
La place Jamaa Lafna fût décrétée en 2000 « patrimoine orale mondial ». La richesse de la culture orale qui s’y déploie en cercles fut reconnue. L’oralité qui s’offre la place Jamaa Lafna comme lieu de performance et de spectacles et s’offre aux touristes, marocains ou étrangers, et aux passionnés de la halqa est par définition fragile, évanescente, se réalisant dans la performance même de l’acte hlayqi et n’existe pas en dehors même du cercle de l’énonciation et de la réception. Elle puise dans l’exercice quotidien d’une improvisation réglée sur un socle culturel enraciné dont elle varie les motifs, le tissage, les mots… chaque jour au coucher du soleil. L’oralité patrimonialisée ! Quelle fiction ! Quel malentendu ! La patrimonialisation serait-elle une pollution sacrée qui donne sa bénédiction aux manifestations immatérielles d’une société et en assure par, incantation, la pérennité ?
Ressource associée :
Arrif, A. (2006). Place publique pour une parole publique : Jama‘ Lafna, ou le territoire du malentendu. La pensée de midi, 17, 144-149. https://doi.org/10.3917/lpm.017.0144