Ce numéro interroge l’image du dictateur dans les productions artistiques et littéraires du monde arabe et musulman.
Si la figure du dictateur fait l’objet d’analyses politique, social et économique, elle l’est rarement approché par l’art sous toutes ses formes. Pourtant, sous un régime liberticide, l’artiste confronté à la réalité de sa société
dans la pratique même de son art est loin de suivre l’adage « l’art pour l’art ». Il se retrouve souvent contraint à revêtir le rôle d’agitateur, d’éclaireur ou d’éveilleur des consciences.
Relever et étudier les représentations du dictateur dans les œuvres artistiques et littéraires nous renseigne tout autant sur la relation de l’Art au pouvoir – dispositif de « contrôle » de la création artistique
et stratégies mises en place par les artistes pour les contourner – que sur les transformations des sociétés étudiées et l’évolution des rapports pouvoir/société : allant des formes d’adhésion au storytelling du
régime aux formes de ruptures symboliques entre le peuple et celui-ci.
Les textes rassemblés dans ce numéro relèvent de plusieurs disciplines (linguistique, histoire, littérature arabe et francophone, études cinématographiques) et traitent d’expressions artistiques variées (musique rap, cinéma et
cinéma d’animation, nouvelles et romans arabes et francophones, performance et art visuel) dans des pays du Printemps arabe (Tunisie, Syrie, Égypte) et ce des Indépendances à nos jours.